Quel est réellement l’impact environnemental d’un téléphone portable ? En tant qu’utilisateur, on se contente de charger notre appareil en économisant, tant bien que mal, de l’énergie. Mais, en réalité, c’est bien avant que la pollution doit être évitée.
L’ACV d’un mobile (Analyse de Cycle de Vie) permet d’identifier les impacts sociaux et environnementaux tout au long de l’existence de l’objet high-tech.
Dans cet article, découvrez le cycle de vie d’un smartphone, les sources de pollution et, surtout, comment vous pouvez les éviter. C’est parti !
Smartphone et environnement : quelques chiffres alarmants
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important que chacun se rende compte de l’impact environnemental d’un téléphone.
Quelques chiffres choquants…
- 4 tours du monde : c’est la distance parcourue par un portable, de sa conception à sa commercialisation?
- 70 matériaux entrent dans la composition d’un téléphone connecté.
- 44 kg de matières premières sont nécessaires en moyenne pour fabriquer un téléphone.
- 56 kg de CO2 sont émis tout au long du cycle de vie d’un smartphone neuf.
Malgré tout ça…
- 10 milliards de smartphones ont été vendus dans le monde entre 2007 et 2018. (Dont 1,5 milliard en 2018 parce que, bon, croissance oblige !)
- 88 % des Français changent de mobile alors que l’ancien fonctionne encore.
Bref, vous l’avez compris… Tout au long de son existence, un smartphone pollue. Le téléphone portable a des impacts environnementaux, mais aussi sociaux et sanitaires.
Comment tout cela peut-il arriver alors que vous voulez seulement envoyer des photos de chats à vos amis ? En fait, c’est avant que tout se passe.
Trois quarts des impacts environnementaux sont dus à la phase de fabrication du smartphone.
Comment sait-on ça ? Grâce à l’analyse de cycle de vie, justement !
Pourquoi analyser le cycle de vie du smartphone ?
Qu’est-ce que l’analyse de cycle de vie ?
L’analyse de cycle de vie, AVC, de son petit nom, est une méthode pour évaluer l’impact environnemental d’un bien ou d’un service. L’étude consiste à prendre en compte toute l’existence de l’objet, de sa conception à sa fin de vie.
L’objectif ? Repérer un maximum d’effets polluants.
Pourquoi faire l’ACV des mobiles ?
L’ACV d’un mobile permet de se rendre compte du réel impact environnemental de ce petit objet. À première vue, on utilise un peu d’énergie pour le charger et on jette 200 g de matériaux en fin de vie : rien de dramatique !
Pourtant si.
L’impact environnemental d’un téléphone se cache principalement dans la phase de fabrication. Invisible pour le consommateur… Jusqu’à ce qu’il tombe sur cet article en tout cas.
Le cycle de vie d’un téléphone en détail
Pour faire une analyse de cycle de vie d’un smartphone, il faut déjà repérer les différentes étapes de l’existence de cet objet. Pour le téléphone portable, on obtient ces grandes phases.
- Conception ;
- extraction des matières premières ;
- fabrication des composants ;
- assemblage ;
- distribution ;
- utilisation ;
- fin de vie.
Voyons en détail l’impact environnemental de ces différentes phases d’existence du téléphone portable.
Conception
Quoi ? Des experts imaginent le téléphone, son design, ses fonctionnalités, etc. Ils en déduisent les composants nécessaires et dessinent le plan du smartphone.
Où ? Aux États-Unis, le plus souvent.
Extraction des matières premières
Quoi ? On collecte les matériaux compostant le téléphone. De nombreuses terres rares sont nécessaires pour la fabrication de ces technologies du quotidien. Pour en extraire un tout petit peu, il faut déplacer des montagnes de terres.
Où ? Asie du Sud-Est (la Chine en tête), Australie, Afrique centrale et Amérique du Sud. Quels impacts ? C’est là que se cache la majorité des impacts environnementaux et sociaux des smartphones.
- Les mines de terres et métaux rares détruisent des écosystèmes et entraînent des pollutions de l’eau, de l’air et des sols.
- Les populations locales ont un taux de maladie souvent bien supérieur aux régions sans mines. De plus, les conditions de travail sont insalubres, dangereuses, voire inhumaines. L’étain, le tantale, le tungstène et l’or sont même surnommés… Les minerais de sang.
Fabrication des composants et assemblage
Quoi ? Carte mère, écran, puces… Chaque pièce est fabriquée. Ensuite, le téléphone est monté.
Où ? Asie, États-Unis et Europe pour la fabrication des composants d’un smartphone, Asie du Sud-Est pour l’assemblage.
Quels impacts ? Ici, les impacts sont principalement sociaux. Les travailleurs évoluent dans des conditions inhumaines.
Distribution et utilisation
Quoi ? On emballe le téléphone, qui est ensuite envoyé dans les magasins et chez le consommateur.
Où ? Le monde entier (mais surtout l’hémisphère nord, il faut l’avouer).
Quels impacts ? Le transport se fait principalement en avion. Ce mode de transport est connu pour être le plus émetteur de carbone au kilomètre. À l’utilisation, le seul impact est l’énergie requise pour le chargement. Dans ce cas, tout dépend du mix électrique du pays.
Fin de vie
Quoi ? Ce qui arrive au mobile quand il n’est plus utilisé. Est-il reconditionné, recyclé, stocké en décharge… ou oublié dans un fond de tiroir ?
Où ? Afrique, Asie, pays d’origine.
Quels impacts ? Idéalement, le mobile est collecté pour lui offrir une seconde vie (grâce au reconditionnement par exemple) ou réutiliser les matériaux (recyclage des smartphones). Malheureusement, plus de la moitié des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE) échappent à la filière agréée. Trop souvent, le mobile termine en décharge, ou dans un fond de tiroir.
Quand ces déchets numériques ne sont pas correctement traités, ils peuvent relâcher des substances toxiques et dangereuses. 10 à 15 % des DEEE ménagers sont envoyés à l’étranger, en Afrique et en Inde principalement, où ils finissent dans des décharges à ciel ouvert. Des enfants y récupèrent matériaux et pièces détachées…
6 solutions concrètes pour réduire l’impact environnemental des smartphones
Aie aie aie… La sentence est tombée : ce téléphone qu’on croyait innocent est en fait un désastre environnemental et social ! Alors, que faire ?
Rassurez-vous : vous n’êtes pas impuissant.e face à la pollution du cycle de vie du smartphone ! Voilà des actions concrètes à adopter pour réduire l’empreinte écologique de votre téléphone.
Agir avant l’achat
Vous n’avez pas encore acheté votre nouveau téléphone portable ? Parfait : c’est là que tout se joue !
La fabrication étant l’étape la plus polluante du cycle de vie d’un smartphone, il vous faut éviter au maximum de fabriquer de nouveaux mobiles. Pas bête, hein ?
Bon, mais concrètement, comment fait-on ?
- Réfléchissez avant d’acheter : avez-vous vraiment besoin d’un nouveau téléphone ou l’ancien fonctionne-t-il ? Si vous choisissez d’acheter, sélectionnez des fonctionnalités qui vous seront vraiment utiles. Ne choisissez pas le téléphone dernier cri parce que la pub vous a convaincue ! Plus le smartphone est grand ou plus il a de fonctionnalités, plus il pollue. Alors, soyez raisonnable et optez pour un modèle au plus proche de vos besoins.
- Tournez-vous vers des marques éthiques. Certains vendeurs de mobiles affichent des valeurs environnementales et éthiques fortes. Fairphone par exemple propose des mobiles réparables, ce qui allonge considérablement leur durée de vie. Fini les smartphones cassés au bout de deux ans ! En contrepartie, il faut accepter de ne pas avoir des fonctionnalités dernier cri, et des performances parfois inférieures
- Achetez d’occasion, ou mieux : reconditionné. Un téléphone de seconde main est l’option la plus raisonnable pour l’environnement. Vous évitez complètement la phase de fabrication ! Bilan : 83 % d’émissions de gaz à effet de serre évitées et jusqu’à 90 % de matières premières économisées. Inégalable ! (À moins de ne pas avoir de téléphone du tout, mais bon, là vous jouez dans une autre catégorie.)
Le reconditionné est bien plus fiable que l’occasion. Le mobile passe par une phase de réparation complète : ainsi, il dure quelques années de plus.
Avec l’occasion, c’est un peu la loterie : il pourrait lâcher dans 1 mois comme dans un an… Plutôt risqué pour votre porte-monnaie.
Agir après l’achat
- Protéger son smartphone. Une bonne coque de protection, un verre trempé placé une bonne fois pour toutes, une pause bien méritée en cas de surchauffe et une charge de la batterie maintenue entre 20 % et 80 %… Avec ça, votre mobile va durer bien plus longtemps que ce que vous pouvez imaginer.
- La réparation : votre meilleur ami numérique a fait une chute libre et l’écran est cassé ? Ne vous en séparez pas pour autant ! Direction un réparateur mobile et c’est reparti pour un tour. Malgré les apparences, les plaies les plus fréquentes de votre téléphone peuvent être réparées. Alors, faites des économies, pour vous et la planète. N’oubliez pas de faire jouer la garantie au passage (24 mois, durée légale).
- Recyclez. C’est essentiel pour faire tourner l’économie circulaire. 85 % des mobiles dorment dans des tiroirs… Alors qu’ils pourraient vivre un deuxième cycle de vie de smartphone. Alors, prenez une heure pour ramener votre téléphone usagé en point de collecte. Peut-être qu’il arrivera jusqu’à nous pour être reconditionné !
À retenir sur le cycle de vie du téléphone
Vous savez maintenant tout du cycle de vie du smartphone.
- L’ACV permet d’évaluer l’impact environnemental des mobiles de manière la plus exhaustive possible.
- Les trois quarts des impacts environnementaux et sociaux des portables se situent dans la phase de fabrication (extraction des matières premières, fabrication des composants du téléphone et assemblage).
Surtout : vous avez des clés pour diminuer l’impact environnemental des téléphones portables ! Merci l’ACV des mobiles.
- Acheter un téléphone reconditionné plutôt que neuf, adapté à vos besoins.
- Prendre soin de votre équipement high-tech et le réparer autant que possible, pour allonger sa durée de vie.
- Ramener votre mobile en fin de vie dans un point de collecte.
Que se passe-t-il après ce cycle de vie de téléphone quand on lui offre une seconde existence ?
Découvrez toutes les étapes de reconditionnement d’un smartphone.
Sources de l’article
- Reportage Arte “La face cachée des énergies vertes”(2020)
- Dossier de l’ADEME sur l’impact des smartphones (2019)
- Démarche RSE de Recommerce (2019).
- Rapport Les Amis de la Terre sur le recyclage des DEEE (2016).